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Brief
Romain Rolland an Richard Strauss
Sonntag, 9. Juli 1905, Paris

relevant für die veröffentlichten Bände: I/3b Salome (Weitere Fassungen)
[1r]

Cher ami

Merci de votre bonne lettre. L’e muet est une des grosses difficultés de la langue française. Il faut bien se garder de le supprimer : c’est un des principaux charmes de notre poésie ; mais il est très rare qu’un étranger le sente bien. C’est moins un son, qu’une résonance, un écho de la syllabe précédente, qui vibre, se balance et s’éteint doucement dans l’air.

bel-le
..

C’est parce qu’on lui prête une quantité uniforme, et égale à la syllabe précédente, qu’on croit qu’elleque l’e muet [1v] est monotone. Il n’en est rien : elle c’est une des musiques de notre langue ; elleil est, en quelque sorte, l’atmosphère la draperie légère du mot ; elleil l’entoure d’une atmosphère liquide. Si vous lae supprimez, il ne reste que l’arête sèche :

»On dirait un’ femm’ …«

»Ell’ ressemble à un’ petit’ princesse«

Ce n’est plus du français. C’est de l’argot. Naturellement, il serait encore pire d’accenc [?]tuer trop lourdement l’e muet, que de le supprimer. Ce sont des nuances très fines, tout en demi-teinte.

[2r] Pour le reste, votre déclamation me semble très bonne.

Je quitte malheureusement Paris, pour quelques mois ; et je vais m’enfermer dans quelque coin de montagnes, pour y écrire un livre ; – sans quoi, je m’offrirais avec bien volontiers pour revoir votre texte français. A mon défaut, je vous aurais pu indiquer d’autres écrivains qui auraient été heureux, comme moi, de vous rendre ce service. Mais tout le monde s’en va en vacances maintenant, et l’on ne reviendra qu’en Octobre. – Je Si ne vous avez d’autres difficultés qui vous arrêtent, dites-les moi, je vous prie : je me ferai un plaisir de vous répondre.

Je vous engage vivement à vous procurer Pelleas et Mélisande de Claude Debussy, si vous n’avez déjà la partition, dont la musique est calquée sur le texte de Maeterlinck, – ou les Chansons de Bilitis, également de Debussy, sur trois poésies de Pierre [2v] Louys. Ce sont des merveilles de déclam »parler« français en musique, t [?] et les vrais modèles du genre, tandisque la déclamation musicale des Bruneau et Charpentier est constamment fautive, lourde, sans rapports avec la vraie prononciation française, – j’entends, avec la belle langue de la conversation élégante, qui doit être celle de votre Salome, comme du Pelléas de Debussy. – Faites donc venir ces œuvres de chez Durand, place de la Madeleine. Elles vous en diront plus que tous les amis, auxquels vous pourrez avoir recours ; et je suis bien sûr qu’elles vous intéresseront.


Je suis bien content de ce que vous me dites de la musique à programme, et je vois que j’avais en effet mal compris votre intention. Mais si le Scherzo, l’Adagio et le Finale de la Domestica sont en ou peuvent être entendus comme musique pure, directement qui a sa source dans des émotions personnelles précises, – ne [3r] [unbekannte Hand:] 9 juillet 1905croyez-vous pas que l’Introduction de la Domestica renferme un élément plus descriptif, en tout cas plus objectif ? Vous y voulez dépér [?] poser trois caractères, trois personnages : cela ne me semble plus de l’émotion directe, ni de la musique pure. Dans cette caractérisation de l’homme, de la femme et de l’enfant, vous êtes forcé d’introduire quelque chose d’étranger à la musique ; c’est un postulat un peu arbitraire, d’où tout le reste découle. Tandisque dans Heldenleben, avec ou sans programme, le point de départ est un sentiment d’ardeur et de joie héroïque (quel que soit le personnage où s’agitent ces passions), – dans la Domestica, le point de départ me paraît moins subjectif et lyrique, qu’objectif et descriptif : on dirait que vous y avez voulu dessiner au début, d’une façon schématique, trois figures très individuelles (du moins, deux ; car l’enfant a un caractère moins précis, plus général.) Je crois que cela ne serait pas très clair, si l’on n’avait ici le programme littéraire ; et voilà pourquoi j’aime moins cette partie, que la suite ; et plus abondamment la musique [3v] indépendante du, plus abondante est ensuite la musique, plus je l’aime, – jusqu’au finale, débordant de force et d’allégresse, que je trouve admirable.

Le public français a fait de grands progrès depuis quinze ans. Vincent d’Indy et Albéric Magnard l’ont habitué aux longues symphonies. – Si vous gardez un programme, je crois, en tout cas, que plus il sera court, mieux cela vaudra. Par exemple, pour le Scherzo : »Bonheur familial, (ou : l’Enfant) jeux enfantins« , pour l’Adagio : »La nuit« me semblent suffire. Pour le Finale, je me passerais très bien de toute indication : Finale et Double fugue est, je crois, préférable à tout commentaire. Il n’y a que le 1er morceau, l’Introduction, qui paraît nécessiter une sorte de petite table thématique des 3 personnages.

Veuillez croire, cher ami, à mes sentiments très affectueux et dévoués

Romain Rolland

162 boulevard Montparnasse

Bemerkung

Bei Korrekturen innerhalb von Notentext wurde jeweils das Ergebnis nach Korrektur transkribiert.

verantwortlich für die Edition dieses Dokuments: Claudia Heine

Quellennachweis

  • Original: Richard-Strauss-Archiv (Garmisch-Partenkirchen), Signatur: [ROMAIN ROLLAND, o. Nr.] (Autograph) (Transkriptionsgrundlage)

    • Hände:

      • Romain Rolland (handschriftlich)
      • unbekannt (handschriftlich)
    • Autopsie: 2016-11-15

    • Reproduktionen:

      • Bayerische Staatsbibliothek (München), Signatur: Ana 330.III.Rolland, Nr. 7 (Transkriptionsgrundlage)

        • Autopsie: 2019-11-25

  • Original: Bibliothèque Nationale de France (Paris), Signatur: VM FONDS 25 ROL-239 (Typoskript)

    • Autopsie: Keine Autopsie des Originals.

Bibliographie (Auswahl)

  • Übersetzung in Romain Rolland / Richard Strauss / Maria Hülle-Keeding (Hrsg.), Richard Strauss - Romain Rolland: Briefwechsel und Tagebuchnotizen. Einleitung von Gustave Samazeuilh (= Veröffentlichungen der Richard-Strauss-Gesellschaft München, Bd. 13), Berlin, 1994, S. 47–49.
  • Edition in Romain Rolland / Richard Strauss / Gustave Samazeuilh (Hrsg.), Richard Strauss et Romain Rolland.: Correspondance. Fragments de Journal. Avant-propos de Gustave Samazeuilh (= Cahiers Romain Rolland, Bd. 3), Paris, 1951, S. 39–42.
  • Genannt/Verzeichnet in Franz Grasberger / Franz Hadamowsky: Richard-Strauss-Ausstellung zum 100. Geburtstag.: Prunksaal der Österreichischen Nationalbibliothek und Redoutensaalräume / Wien I. Josefsplatz 1. 23. Mai bis 15. Oktober 1964, Wien, 1964, S. 102.

Zitierempfehlung

Richard Strauss Werke. Kritische Ausgabe – Online-Plattform, richard‑strauss‑ausgabe.de/d04464 (Version 2021‑09‑29).

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