[maschinenschriftlich:] C/I/A/L
SOCIÉTÉ MUSICALE
G. Astruc & Cie
[Emblem in Form einer stilisierten Lyra, darauf die Initialen »GA« sowie: »et Cie«]
32, Rue Louis-le-Grand
& 33, Boulevard des Italiens
(Pavillon de Hanovre)
Télégr. : GABASTRUC-PARIS
Téléphone : 277-20 – 301-83
Monsieur Richard Strauss
Joachimthalerstrasse [sic]
Berlin.
Cher Monsieur,
J’ai écrit à plusieurs reprises à votre éditeur M. Fürstner pour lui faire des propositions on ne peut plus avantageuses au sujet de Salomeé, dont je puis assurer la représentation et l’exploitation en France dans des conditions absolument uniques.
M. Fürstner n’a pu me répondre il y a 4 mois parce que la question des droits d’auteurs français n’était pas tout à fait réglée, et à une lettre que je lui ai écrite il y a 8 jours pour lui reparler de la même question, on me répond de sa maison qu’il est absent pour quelques mois.
Comme j’estime qu’il est difficile d’attentre 4 mois pour prendre une décision quelconque et que je signe en ce moment-ci des contrats considérables avec des chefs d’orchestre et des grands théâtres de Paris et de la province, je viens vous demander si vous ne pourriez pas intervenir pour que, sans même prendre de décision, on puisse au moins engager des pourparlers.
Je suis au courant de tout ce qui se passe en ce moment dans tous les théâtres qui peuvent jouer Salomeé ; je sais les propositions qui vous sont faites ou qu’on a l’intention de vous faire dans deux théâtres différents ; je connais même d’autres intentions et d’autres propositions qui vous seront faites par des directions à venir, par des candidats-directeurs actuels ; mais tout cela n’est peut-être pas positif et chacune de ces combinaisons peut »craquer« du jour au lendemain.
Je viens vous redemander une fois encore 1° – S’il n’y a pas moyen d’abord d’obtenir de M. Fürstner que je sois l’éditeur ou le dépositaire de Salomeé pour la France et
2° – Si je puis être chargé par vous et par M. Fürstner de m’occuper de tout ce qui concerne la représentation de votre oeuvre, soit par mes soins, soit par les soins d’un autre directeur.
Je serais très heureux d’avoir un mot de vous à ce sujet et je vous demande, autant que possible, de garder notre correspondance confidentielle.
Croyez, cher Monsieur, à mes sentiments les plus dévoués.
[Gabriel Astruc:] G. Astruc
[maschinenschriftlich:] P. S. – J’ai le plaisir de vous apprendre que je viens d’obtenir de [1v] [2r] {Monsieur Richard Strauss
2-e F.} la Ville de Paris la concession d’un magnifique terrain en pleins Champs-Elysées et que je vais y construire pour l’an prochain un théâtre idéal comme celui de Bayreuth et de Munich avec deux salles de concerts.
Ce genre d’établissement manque complètement à Paris et est appelé, je crois, à un très vif succès.